On ne peut pas donner de dates très exactes sur l’arrivée des premiers colons. Quelques-uns arrivèrent vers 1855-1857, mais sans l’intention de demeurer. Le premier à s’installer avec l’intention de rester a été Sabin Gagnon : c’est du moins l’opinion de la plupart des vieillards. Il serait arrivé vers 1860. Il fut dans la suite le deuxième maire de la place. On nomme ensuite Ambroise Tremblay, dit Labatture (les Didier de la Martine), Louis Tremblay (Grignon : il a donné son nom à la rivière ainsi nommée), Augustin Bouchard, père d’Auguste. Douze autres colons vinrent se joindre à eux en 1863 : c’étaient Louis Villeneuve, Job Bilodeau, Jean Grenon, Abraham Bilodeau, Augustin Côté, Xavier Lapointe, Jovite Boivin, Louis Laroche, François Sasseville (père de Patry et de François), Jean Girard, Joseph Desbiens, Jean Desmeules et Marcel Ménard. Quelques autres sont aussi arrivés avant le Grand Feu, ce sont : Jean Létourneau, Laurent Létourneau, Jules Doré, Benjamin Tremblay, Denis Boily et Jean Brassard. La liste n’est pas exclusive. On pourrait ajouter Baptiste Rossignol, qui s’est bâti sur l’emplacement actuel de feu Arthur Ménard. L’éminent docteur Rossignol d’Ottawa est son descendant. Et pourquoi ne pas nommer aussi Michelle Rossignol, la Manouche du programme Le Survenant : elle serait sa descendante.
Parmi les anciens de Chambord, s’il en est un qui mérite une mention spéciale, c’est bien M. Pascal-Horace Dumais. Qui dans Chambord n’a pas entendu parler de l’arpenteur Dumais et de l’île qui porte son nom? Voici ce qu’écrivait Le Progrès du Saguenay en date du 10 mai 1906 : « Un des citoyens très estimés de Chambord vient de disparaître. M. Pascal-Horace Dumais vient de s’éteindre dans la paix du Seigneur, après une longue et douloureuse maladie. M. Dumais était né à Saint-Georges-de-Cacouna, le 27 août 1836. Il fit ses études au collège Sainte-Anne et fut reçu arpenteur-géomètre à l’âge de 21 ans. Outre ses talents d’arpenteur et de géomètre, M. Dumais était écrivain à ses heures, penseur sérieux en même temps que fin observateur. Ses funérailles ont eu lieu mardi matin à Chambord. Le service a été chanté par Mgr Belley. »
Au dire de M. Ernest Bilodeau, historien et journaliste, M. Dumais était un passionné de la nature. Sur sa ferme de la Pointe-aux-Pins, il élevait quantité d’oiseaux d’espèces variées. Il avait l’habileté incroyable de pouvoir approcher et capturer les outardes sauvages qui s’arrêtaient sur la Pointe-aux-Pins : il leur passait un anneau à la patte et les relâchait pour les retrouver au printemps suivant, revenues de Floride ou de Californie. Il vivait familièrement avec des pintades, des paons et des outardes qui lui tiraient la barbe et les lacets de ses souliers. Il avait aussi trois cents pigeons et n’accepta jamais qu’on les tuât.